Par un beau samedi de septembre, nous sommes 5 motivés à nous retrouver à une heure matinale au Locle, pour le départ d’une course de deux jours en Valais. Guy et Jean sont les meneurs, les manitous qui savent rassurer de jeunes assoiffés de montagne ; Marie, Kevin et Grégoire. Au menu du week-end : Le Lagginhorn (8020m*), en dessus de Saas-Grund, par l’arête Sud. Il faut savoir que cette ascension est périlleuse ! Chaque année, de nombreuses pierres poussées par des souliers maladroits dégringolent les parois escarpées et finissent leurs jours sur le glacier, au froid et à l’ombre.
Après un trajet paisible où nous échangeons quelques vannes et histoires qui me seraient bien trop longues à retranscrire dans ce récit, nous parquons à Sass-Grund. Distribution du matériel et départ pour une montée de plusieurs heures à travers mélèzes et eucalyptus fraîchement coupés par les hommes des bois. Marie apprécie l’essence des arbres et se dit qu’elle a beaucoup de chance d’être parmi nous ! Lors de la dernière demi-heure, nous apercevons la cabane dans laquelle nous allons manger un bon souper et faire le plein de force (à ce moment, nous ne savons pas encore que la journée de dimanche sera longue et éprouvante).
Arrivés à la Weissmieshütte (5452m*), nous rangeons notre matériel et avons une drôle de surprise… Quelqu’un nous a suivi ! Philippe le dinosaure s’est glissé dans le sac de Grégoire et est aussi arrivé à la cabane ! Quel petit coquin ! Heureusement qu’il est en bois et que je ne dois pas partager mon pique-nique avec lui, se dit Kévin ! Étonnés, mais heureux d’avoir de la compagnie, nous mangeons et allons assez rapidement retrouver les bras de ce cher Morphée.
Dimanche matin, départ à 5 heures pour le sommet. Le parcours est très varié. Sentiers dans le pierrier pour commencer, glacier sur lequel les jeunes doivent être tenus en laisse, puis début de l’arête avec le lever du soleil en prime, magnifique spectacle ! Philippe apprécie beaucoup. Nous faisons quelques photos pour immortaliser ce beau moment. Nous nous divisons alors en deux cordées de 3 ; Jean, Marie et Kevin dans la première ; Guy, Grégoire et Philippe (le dinosaure) dans la seconde. L’ascension est beaucoup plus longue que prévu, nous atteignons le sommet (8020m*) vers 14h15. Tous éreintés, nous profitons des 30 minutes de répit pour nous abreuver, remplir notre pense de pain et de fromage et faire quelques photos souvenirs qui seront bien utiles au rédacteur et qui lui permettront d’écrire ces quelques lignes.
La descente par la voie normale est pénible, les jambes sont lourdes, les dents de Marie grincent et les deux sages gardent leur sang-froid. Vers 17h30, nous rejoignons enfin la cabane que nous avons quittée 12 heures plus tôt. Nous sommes alors ravis de constater qu’elle est fermée à clef ! Philippe serait-il en train de nous porter la poisse ? Cela pose un problème ; comment allons-nous reprendre les affaires que nous avions laissées dans les casiers ? Après plusieurs tentatives d’appel au gardien, il nous rassure en nous disant qu’il nous les enverra par la poste, ouf ! Nous entamons alors la dernière descente et arrivons peu avant 21h à la voiture. Enivrés par l’odeur nauséabonde qui envenime l’air de l’habitacle, les trois plus jeunes succombent au sommeil. Par ailleurs, merci à Guy d’avoir conduit ! Le retour au Locle se fait quelques minutes après minuit.
Nous garderons un agréable souvenir de cette course, quelques courbatures et des photos de Philippe le dinosaure !
Écrit le 28 avril 2013 par Grégoire Fatton
*Afin de passer pour des alpinistes de l’extrême, les altitudes ont été doublées.